Cyril ETESSE

Cyril ETESSE

COMEDIEN HUMORISTE



Mon cher Guillaume...

06 juin 2023

Mon cher Guillaume...

Je ne suis pas le plus légitime pour parler de toi. On se connait depuis quoi ? Une grosse dizaine d'années ? Durant ce temps, on a du se voir quoi ? Une bonne dizaine de fois ? C'est moins que tes amis les plus fidèles et réguliers qui te pleurent aussi depuis quelques jours. Finalement, nous étions tous les deux des copains... Des connaissances dans notre milieu humoristique.
Ça ne me dispense pas, cela dit, d'exprimer ma peine quelques jours après ton départ... Un départ si soudain qu'il est encore aujourd'hui difficile à admettre.

La première fois que je t'ai vu, je crois que ça devait être vers Pigalle, au théâtre du Bout à Paris, à l'époque où je démarrais ma programmation de "Shaolin ?" dans ce même endroit... J'avais vu quelques photos de toi sur le réseau d'alors, Myspace, où déjà tu affichais un humour très personnel. On s'est ensuite croisés dans des concours et autres scènes ouvertes, entre autres l'Humour en Capitales. Au-delà de ton physique atypique, c'est surtout ta verve qu'on retenait et qui faisait mouche. Je me disais alors, et loin de moi la prétention de me donner des airs devins, que "ce mec-là, c'est un sacré personnage qui a quelque chose à faire dans notre métier"...

Et puis chacun d'entre nous a fait sa route depuis ces jours-là. La liste de tous les copains qu'on a croisé est longue. Certains ont disparu, d'autres sont devenus de grands artistes. Je t'ai revu à la grande époque d'On n'demande qu'à en rire, dans le fameux sketch avec Jérémy Ferrari, qui allait te faire exploser et te révéler. J'étais dans la salle, que tu avais retournée, ce jour-là, à côté des caméramans, qui pleuraient de rire eux aussi. Il s'est clairement passé quelque chose. Tout le monde l'a vu, l'a senti. Sans doute Jérémy plus qu'un autre, lui qui t'a tant porté et apporté par la suite.

Je ne sais pas comment te rendre hommage.

Tous ceux qui ont traversé ta vie, ou qui t'ont juste connu par le biais d'Internet et la télé, à l'instar de ces milliers d'internautes qui affichent leur tristesse aujourd'hui, soulignent tous la même chose... Ta grande gentillesse, ton humilité et ta force dissimulées derrière tes vannes acérées. Des vannes que toi seul pouvait porter et faire passer. Tu avais l'air de tellement pouvoir tout entendre. Pourtant, je n'ai jamais réussi à me permettre de t'envoyer des scuds de la teneur de ceux que tu m'envoyais gentiment. Par pudeur peut-être... Je n'en sais rien. Sans doute parce que même si je t'aimais beaucoup, je ne me considérais pas suffisament comme un intime pour tavoir le droit de te tacler.
C'est sans doute la raison qui fait que je trouve lourds les gens qui ne t'ont jamais vu, faire des blagues sur ton cercueil ou que sais-je encore, en commentaire sous la publication de Jérémy Ferrari ou Laura Laune.
Pas sûr qu'il y ait urgence, là où justement, aucun humoriste n'a fait de vanne sur ton départ.

Il le sait, je détestais quand toi et notre ami commun Jérémy (pas Ferrari), malade lui aussi, vous parliez de deviner qui allait mourir le premier. Trop d'affection et de respect pour toi sans doute, au vu de ce que tu as vécu, et de ce que tu as accompli.
Tu pouvais bien te foutre de mes gouts vieillots, me parler de ma comédie sur Bourvil (au lieu de De Funès !) en criant dans une très mauvaise imitation "mon vélo ! mon vélo !", je t'adorais et tu me faisais rire dans ces moments-là.

Je veux juste terminer en soulignant ta grande tendresse. La dernière fois que nous nous sommes vus, c'était sur un plateau d'humoristes. J'étais pas très bien ce jour-là, sans raison particulière. Un peu stressé sans doute, je n'avais plus joué mon solo depuis quelques temps, très investi dans ma pièce avec Antony Vincent, "les pieds nus dans la neige". Comme d'habitude, tu m'as charié "Fais pas ce sketch, Etesse, c'est dépassé, tu vas te planter !"
Sans dire que je me suis planté, je n'ai d'ailleurs par la suite en effet pas été brillant sur ma prestation. Quand on est bon, on le sait, quand on ne l'est pas, on le sait aussi. En sortant de scène, tu es venu vers moi. Tu as ri en repensant à notre échange quelques minutes plus tôt et puis tu as du sentir que j'étais pas top ni très fier... Tu ne m'as rien dit cette fois, juste fait ton grand sourire et ton regard pétillant et tu m'as enlacé dans tes grands bras. Et je sais que cette tendresse discrète voulait tout dire chez toi.
Merci Guillaume.

Je ne savais pas que ce serait la dernière fois que je te verrais... Tu m'avais mis les larmes aux yeux par ta gentillesse, tu me les fait pleurer pour de bon depuis quelques jours...

Comme tous ceux dont tu as traversé la route ou la vie, je peux t'assurer que je ne t'oublierai jamais.
On ne dit pas vraiment ça à un simple copain parmi d'autres... Mais quand même... Je t'aime mon pote.
Bon voyage, mon cher Guillaume.

Cyril Etesse.

 

Commentaires

Marc Vanaldervelt
08 juin 2023  13:51
Très très belle hommage avec des mots tellement juste. Bisous Marc
Thomas Cuenca
08 juin 2023  13:49
Je ne l’ai pas connu, ni eu la chance de le croiser. Mais son départ me touche beaucoup C’est pas juste quand tu vois et t’imagines à quel point il a dû certainement se battre pour en arriver là. Mais il a laissé son empreinte et rien que pour ça, on ne l’oubliera pas !! Mais je n’en doute pas une seconde, il continuera à faire rire un autre public là-haut. Chapeau l’artiste
Jeff Didelot
08 juin 2023  13:49
Tu as tout dis Cyril … Très bel hommage à notre Guillaume…. Rien à rajouter… Prends soin de toi…
Dominique
08 juin 2023  13:47
Cyril Etesse, ce texte est juste magnifique de tendresse envers Guillaume. En temps normal je vous aurais dit bravo pour ces mots, là je dirai simplement respect à vous Cyril et bon courage.
Annie France Canetti
08 juin 2023  13:47
Oh vous m avez transmis cette émotion à la lecture de ce très bel hommage Cyril… Soyez certain que Guillaume serait heureux de ça… Sans apitoiement mais tout en délicatesse… Merci. Qu il repose en Paix
Eric Dao
07 juin 2023  18:25
Extremement attristé par l'annonce de son décès , il m'a vraiment marquer par son humour ainsi que le regard qu'il a porté sur son handicap , rip Guillaume
Nora Broutin
07 juin 2023  17:37
Bonjour à vous Cyril ETESSE ... Votre publication... Pour rendre hommage à votre ami... Guillaume... Cette lettre d'adieu... Remplie de tendresse... de respect... De tristesse... De bienveillance... Dont les mots passent par des émotions... Des souvenirs de vos rencontres... Vous avez apporté votre touche personnelle et poétique... Pour un grand homme tel que Guillaume... Adieu Guillaume...
Anne Elise Allard
07 juin 2023  17:36
Tous les deux découvert à #Ondar ton texte m'a fait pleurer Cyril
Stella
07 juin 2023  17:35
Très bel hommage, merci de nous partager tes sentiments et ces anecdotes très touchantes. Moi ce que j'ai admiré dans son personnage c'est son auto dérision, sa positivité permanente et le fait d'entrer encore plus dans la dérision avec Jeremy Ferrari ! Une force incroyable de rire de tout cela sans en être gêné et réussir à décomplexer le regard du public sur les handicapés en général ! Les fous rires qu'on peut attraper sont et resterons inégalables
Eva
07 juin 2023  17:35
Très beau texte Cyril ! Tellement touchant ! Mes larmes coulent de nouveau ! Ma mémoire s'effrite avec les années, mais il me semble bien que son premier passage dans ONDAR, c'était en guest dans le sketch de Wally Dia, c'est d'ailleurs pour ce sketch que j'ai commencé à regarder ONDAR, car Guillaume avait dit qu'il passerait avec Wally Dia. Il était ensuite revenu pour le sketch de Jérémy Ferrari, et Laurent Ruquier lui avait dit : dis-donc Guillaume, c'est la deuxième fois qu'on vous voit en guest, il faudrait peut-être passer en solo ! Oui, Guillaume avait ce côté très réconfortant, très à l'écoute, et il me surprenait toujours avec sa mémoire, se rappelant de chaque détail des histoires que je lui racontais (ma life en 7 tomes "façon Harry Potter" comme il disait mdr). Toujours prêt à aider et à partager ses connaissances. Je kiffais son écriture et sa manière d'écrire aussi, je regardais bien comment il positionnait ses bras et ses mains sur la table, la vitesse d'écriture.. Il avait des plus grandes mains que moi, avec de longs doigts, (téma on dirait que je suis en train d'écrire un Roman, dont il serait le personnage principal, façon Balzac, mais ça fait du bien d'écrire en parlant de lui, ça le fait vivre à travers les souvenirs...). En tout cas mon cher Cyril, tu es tout à fait légitime pour parler de lui, tu n'as aucun doute à avoir là-dessus ! Tes souvenirs en témoignent, chaque moment partagé avec lui compte !


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